Toute mon adolescence, j’ai pris mon précieux ballon et je me suis éloigné dans le champ. J’étais André : je plaçais ma ligne d’attaque, hurlant des consignes aux bottes de foin, puis je démarrai tête haute, buste droit, tenant le ballon à deux mains ; d’un crochet j’effaçais un troisième ligne, feintais une première passe, cadrais le second centre adverse et offrais le ballon à un partenaire. Et soudain j’étais Guy : l’œil noir, débraillé, et je me lançais mâchoires serrées dans des courses échevelées, le ballon contre mon cœur, pour aller aplatir tout là-bas derrière les chênes, le recordman anglais du 100 mètres à mes trousses…